Il était dix-huit heure, la nuit pointait son nez cachant le soleil de son atmosphère crépusculaire, les étoiles allaient bientôt se montré elles aussi. Le ciel était pourpre lorsque Sindell s’aventura dans le jardin de l’académie, la nuit tombait de façon très rapide, elle allait pouvoir regarder les étoiles bien tranquillement. Ashley l’ayant laissé pour aller faire du shopping et autre activité, elle avait pu avoir la soirée pour elle.

Elle marcha sur la pelouse, le regard rivé sur le ciel constellé d’une multitude d’étoile. Au beau milieu du terrain, elle s’asseyait en tailleur, son petit renard courait dans toute l’herbe, petit animal bleu virevoltant dans l’herbe émeraude. L’académie était bien calme ce soir, rien de dérangeant, un havre de paix, un plaisir pour les oreilles, les yeux de la jeune femme se posèrent sur les constellations, celle du Capricorne brillait de mille feu, celle de Cassiopée se cachait derrière les nuages de poussière de l’espace. L’esquisse d’un sourire se dessina sur ses lèvres, ses yeux s’illuminaient de joie, elle aurait pu être belle si elle n’était pas aussi froide, les seules choses qui la faisait sourire était bien les étoiles et les gens en qui elle avait tissé un lien très fort.

Son petit renard se posta à ses côtés en penchant la tête de côté, puis ne tenant plus en place il entreprit de bondir un peu partout, de fouiner les coins sombres, d’attaquer les oiseaux nocturnes ou faire peur à des élèves. La constellation d’Orion montra enfin le bout de son nez, toujours au rendez-vous comme chaque soir. Un bruit attira son attention, elle pivota son visage vers le bruit, c’était son renard qui fouinait dans une poubelle, elle soupira et retourna à sa contemplation du ciel.

Soudain son animal revint vers elle en glapissant, il bondit sur elle pour se cacher dans ses bras, quelque chose l’avait effrayé, elle se leva doucement et observa les alentours, ce n’était pas vraiment le moment de l’énerver, celui qui lui voulait du mal allait le regretter, son regard se fixa sur une arche quelqu’un y été posté.

-Qui es-tu? déclara-t-elle avec douceur, elle ne voulait pas que sa réputation de femme froide fasse peur à tous les élèves.

Thyridlas sursauta.C'était l'une des rares fois ou il était seul avec quelqu'un d'autre que Deadlys. Or, il ne prêtait que rarement attention a ce qui se passait autour de lui, les yeux toujours perdus dans le vague. Mais a ce moment, c'était différent. Il était venu contempler le monde extérieure, et il pouvait en capter jusqu'au moindre détail. Aussi sursauta il plus qu'il ne l'aurait voulu en voyant l'herbe geler autour de sa camarade.

-Si tu ne veux pas te dévoiler, cela ne fais rien,
nous pouvons parler anonymement en profitant de cette belle nuit que
nous offre le ciel.

-Je suis Thyridlas Neilor, dans la classe de Deadlys... Alors comme ça toi aussi tu as reçu l'amitié d'un esprit?

Thyridlas baissa les yeux presque imperceptiblement. Il était connu. Il était le mec bizarre qu'il faut éviter d'approcher; celui qu'on vise avec les blagues nulles. Connu aussi comme le faire-valoir de Deadlys. Même si la vérité était toute autre... et a la fois cruellement similaire. C'était vrai que le contraste entre Thyridlas et son ami était manifeste et souvent profitable a Deadlys, mais ce dernier ne l'avais jamais considéré comme un faire valoir. Toujours est il que son image était faite et préconçue. Cela aurait été dommage, alors qu'il avait trouvé une fille a qui un esprit prêtait son pouvoir...

-Tu te demandes surement pourquoi je te dis mon nom maintenant. Rien n'est plus laid que le besoin... Si tu te fiches de connaitre mon nom, c'est que tu n en a pas besoin, et donc je peux te le confier les yeux fermés. Et maintenant en prélude au spéctacle des étoiles, regardes bien...

Thyridlas leva alors les bras vers le ciel,et des dizaines de petites feuilles de papier sortirent de ses manches, se combinant pour former deux oiseaux de papier, qui prirent quelques mètres d'altitude, s'éloignèrent un moment, avant de foncer l'un vers l'autre. Au moment ou ils se percutèrent, les oiseaux explosèrent, laissant tomber des fleurs de papier tout autour des deux compagnons. Thyridlas eut a ce moment un sourire gêné et commença a rougir.

-Je m'entraine... C'est difficile de faire quelque chose de de joli sans surcharger le spectacle...

Sindell ferma les yeux profitant du vent glacial qu’elle avait crée, le vent soufflait doucement dans ses cheveux de neige.

-Je suis Thyridlas Neilor, dans la classe de Deadlys... Alors comme ça toi aussi tu as reçu l'amitié d'un esprit?

Il lui avait donc dévoilé son identité, Thyridlas… elle avait déjà entendu ce prénom quelque part, mais elle s’en foutait royalement des propos qui couraient sur lui, elle se sentait bien ici avec une personne d’un calme appréciable.
Maintenant qu’il s’était présenté, elle allait lui répondre à ses questions… d’une voix douce elle se présenta.

-Mon nom est Sindell Cianra, enchantée de te rencontrer... Elle ouvrit les yeux et baissa son regard en proie à une tristesse que seule ses yeux et son renard exprimaient, sa réputation de femme froide allait surement la rattraper. Effectivement, un esprit me prête en quelque sorte ses pouvoirs, bien que tout ceci soit naturel, nous nous entraidons mutuellement.

Les minutes passèrent, le renard se coucha sur l’épaule de Sindell en boule, ronronnant avec douceur, la jeune femme était donc calme. Le silence fut brisé avec subtilité par la voix du jeune homme.

-Tu te demandes surement pourquoi je te dis mon nom maintenant. Rien n'est plus laid que le besoin... Si tu te fiches de connaitre mon nom, c'est que tu n’en a pas besoin, et donc je peux te le confier les yeux fermés. Et maintenant en prélude au spectacle des étoiles, regardes bien...

Etonnée, elle leva son regard vers Thyridlas, celui-ci leva ses bras vers le ciel, des feuilles de papiers en sortirent, formant deux magnifiques oiseaux en origami qui s’envolèrent loin dans le ciel crépusculaire, dans une grâce de danseuse, les deux volatiles de papier s’éloignèrent, puis entrèrent en collision, en créant une pluie de fleur. Elle avait observé le spectacle avec émerveillement, les fleurs tombèrent dans le jardin, voletant autour des deux personnes, le renard essayait d’en attraper, bondissant, puis ré atterrissant sur l’herbe de givre. Un magnifique sourire se dessina sur les lèvres de Sindell. Elle regarda de ses yeux couleur fusain Thyridlas qui avait lui aussi un sourire, mais gêné et il commençait à rougir.

-Je m'entraine... C'est difficile de faire quelque chose de joli sans surcharger le spectacle...

Il avait raison, trop de belle chose rendait le spectacle lourd et fade. La lune devenait très claire et illuminait le jardin de sa lumière argenté. La maîtrise de son don était remarquable, la grâce avec laquelle il l’utilisait était d’une beauté à couper le souffle. Son renard commençait à sautiller un peu partout, toujours en proie à mordiller une fleur. La jeune femme le regarda et déclara d’une voix douce.

-C’est magnifique… j’aimerai faire d’aussi belle chose, mais mon pouvoir ne me permet pas de faire pareil chose… la glace n’est pas éternelle, mais éphémère…

Sindell ferma les yeux se concentrant sur quelque chose, l’herbe se dégivra d’un seul coup, reprenant l’eau qui l’avait congelé. Le liquide tourna autour de la jeune femme, puis se congela. Rouvrant les yeux, la glace se dirigea vers l’arbre le plus proche d’elle. Pénétrant dans ses racines, rien ne se passa en début, puis l’arbre se recouvra entièrement d’une gelure bleuté, sur les branches de petite fleur violette apparurent, puis leurs pétales se détachèrent pour se transformer en poudreuse immaculée. Celle-ci tourna autour de Sindell sans vouloir la quitter, le renard bondissait au milieu de ce spectacle, attrapant les flocons. La glace fondit très rapidement, puis l’eau revint se placer autour de la femme avant de tomber d’un seul coup sur le sol comme si de rien n’était.
Un faible sourire étira les lèvres de la jeune femme, elle se rendit compte que c’était la première fois en plusieurs années qu’elle souriait à quelqu’un. Elle s’asseyait sur l’herbe, le contact de ses mains sur les végétaux la glacèrent automatiquement, elle observa à nouveau le ciel constellé de diamant doré.

-Pourquoi restes-tu seul ? Pourquoi ne pas te faire des amis ? C’était des questions vraiment indiscrètes, elle venait de s’en rendre compte, elle se reprit. Pardonne-moi, ce ne sont pas mes affaires…

Elle venait de se rendre compte qu’elle parlait trop et cela était très rare chez elle, serais-ce la nuit qui lui permettait d’ouvrir son cœur, d’ouvrir son âme pour parler sans gêne, sans honte ? Ca encore elle ne le savait pas.

-Mon nom est Sindell Cianra, enchantée de te rencontrer...

-La femme froide hein? Je me disais aussi qu'il n'y avait aucune raison de t'appeler comme ca... Mais en fait c'est grace a ton esprit! C'est bizarre quand même; Quand un autre le dit il le fait comme si c'était un défaut d'avoir un don comme le tien...

Thyridlas se tut. Son spectacle était apparemment réussi. Le pouvoir du papier n'est que tres peu offensif. Il sert avant tout a faire progresser son possesseur de maniere spirituelle. Enfin progresser... Thyridlas était résté un enfant. L'innocence et la simplicité combinée a l'intelligence que donne l'age est en effet une arme diplomatique aussi redoutable qu'effrayante, mais elle implique que celui qui la détient n'en a pas conscience... C'est comme une grande blague...

Thyridlas sourit en voyant l'arbre geler momentanément. Les reflets étaient magnifiques. Oui, c'était vraiment une belle soirée. Bien plus belle qu'espérée... Bien, plus intéressante aussi... Le monde" est laid et difforme... Le manque d'harmonie est la tumeur de cette terre... Ici c'est un peu mieux que...

-Pourquoi restes-tu seul ? Pourquoi ne pas te faire des amis ? Pardonne-moi, ce ne sont pas mes affaires…

-Nan ça va... C'est juste que peu de gens comprennent... J'ai des milliers d'amis... Ils sont juste plus discrets que les autres. Ils valent bien mieux que n'importe quel humain. Irrémédiablement fidèles, désintéresses, incroyablement dévoués, éternels ou presque, aucun n'est idiot. Aucun n'a d'apriori. Jamais un commentaire, toujours de bonne humeur, toujours prets a offrir un beau spectacle... Nous nous protégeons mutuellement... Nous sommes une famille...

Le regard de Thyridlas s'était durci... Il avait eu l'espace d'un instant cet air que les adultes prennent quand ils se critiquent eux même de manière détournée. Pendant qu'il parlait, ses amis étaient sortis de ses poches, de ses manches, de son manteau. Des personnages, animaux et formes artistiques de papier plié étaient sorties par dizaines de son manteau par une démarche dansante. Maintenant ils roulaient, volaient rampaient et dansaient autour de Thyridlas

-C'est comme toi et ton petit animal... La compagnie de ceux qui nous aiment nous suffit. Regardes comme ils sont heureux... Ca ne suffit pas a ton bonheur? Si non, alors saches qu'il n'y a pas mieux ailleurs. Il y a certainement plus, mais jamais aussi bien.

Thyridlas avait maintenant totalement l'air de l'adulte qu'il aurait du être. En peut être un peu plus sombre. Ce devait être a cause de la nuit. Toujours est il qu'il ne souriait plus. Il était en colère. En colère contre sa nature humaine.